Savoie et Franche-Comté, en Suisse ?

Un mouvement, sans doute bien minoritaire, entend rattacher la Savoie et la Franche-Comté à la Suisse sous forme de 2 nouveaux cantons, rien que ça. Des sondages donnerait de l’ordre de 44% de gens pour, et 33% de gens contre, chez les Helvètes. Mouaif …
Outre que je me méfie comme la peste du micro-nationalisme déguisé en fédéralisme, j’y vois quelques écueils majeurs :
– la Savoie avait destin commun avec … l’Italie, pas la Suisse, jusqu’à il y a un peu plus de 150 ans.
– la Franche-Comté, bien que voisine, n’a jamais eu de destin commun avec la Suisse, sauf quand toutes deux faisaient partie du Saint Empire Germanique au moyen-age
– ce rattachement ressemble trop à une tentative de profiter de la prospérité des cantons helvétiques pour être honnête
– mais surtout, je ne suis absolument pas persuadé que les suisses soient franchement interessés de réccupérer 26.600 km² (à partir de leurs 41.000 km², ça ferait +65% d’un coup, les 2 nouveaux cantons devenant du coup les plus gros, et de loin) qui transformerait la Suisse d’un état compact en un patatoïde à 3 branches (on pourrait aussi y voir, en penchant la tête, un cheval de ferme au galop), 2,2 millions de nouveaux habitants (ils sont 7,7 millions dont 1,7 millions d’étrangers, donc +36% de citoyens!), et surtout les retraites des dits habitants à payer désormais.
– en sus, ça mettrait le français à égalité numérique ou peu s’en faut avec l’allemand ou plutot le schwitzerdutch, et je sent que ça poserait problème, d’autant que tous ces nouveaux citoyens seraient essentiellement monolingues.

Maintenant, si vraiment les savoyards et les franc-comtois voulaient collectivement devenir suisses, et que les suisses soient d’accord, pourquoi pas, hein ? Il faudrait juste négocier le transfert. C’est sûr, l’hexagone français en prendrait un coup dans les cotes, mais c’est juste une question de s’habituer au nouveau profil.

Bien sûr, une fois commencé, pourquoi s’arrêter ? Le nord-est se rattache à l’Allemagne, le nord à la Belgique, la frange sud-ouest à l’Espagne (quoique, avec leurs difficultés économiques actuelles …). Je doute fort que Nice veuille redevenir italienne, mais qui sait ? Le reste, emporté par le mouvement de sécession anti-français, se scinde en grosso-modo un état Rhone-Alpin, un état Aquitain, un état Breton qui annexe le Mont Saint-Michel à l’amiable contre une promesse de tax-free, et la Loire-Atlantique de force en déplaçant le péage d’Ancenis à Champtocé-sur-Loire pendant la nuit, tandis que le Massif Central est à deux doigts de reconstituer une République Arverne, avant de s’aviser que ses citoyens devraient alors passer une frontière ou deux pour aller se baigner à la mer. A la surprise de tous, Monaco va à contre-courant et demande son rattachement à l’état français, ce qui pose un léger problème de continuité territoriale, résolu par le maintien sous suzeraineté française d’une partie des lignes de TGV. Quand à la Normandie réunifiée, elle se remet difficilement de la claque infligée par l’Angleterre qui à refusé tout net sa demande, et négocie une association touristico-économique avec la fédération Ligérienne, elle-même amputée de Cholet qui a choisi de s’incorporer à la Grande Vendée, et qui a massé ses milices autour d’Orléans qui voudrait rejoindre la Francie et demande en vain à la Lotharingie d’envoyer une nouvelle Jeanne d’Arc. Pour ladite Francie, sa carte change tout les mois, au gré du cours du champagne et du tarif des trains de banlieue. Ne reste que la Picardie dont personne ne veut, les cours de la betterave s’étant effondrés.

Ceci étant, on peut rire un peu, et je dois avouer que l’appel du « MFC » (Mouvement de Franche-Comté) à signer en ligne des promesses de votes pour savoir s’ils peuvent se rapprocher de 5% et donc être remboursés des frais de campagne, sans quoi ils ne se présentent pas, m’a bien fait rigoler. On peut être sécessioniste convaincu et compter sur l’état français pour payer les frais de campagne de sécession, ils n’y voit apparement aucune contradiction :o)