blog démocrate et angevin de Bruno Poterie

Ca y est, le président tchèque a signé pour son pays, mettant fin a une longue attente : nous allons pouvoir fonctionner mieux au niveau de l’Europe, avec 3 points principaux :
– élection d’un président pour 2 ans et demi, permettant de donner un nom et un visage a l’europe, et de mettre fin a cette présidence tournante tous les 6 mois, dont on voit bien ce que a d’inefficace et d’inutile avec le récent rapport de la Cour des Comptes.
– extension des domaines ou les décisions sont prises à la majorité qualifiée et non plus à l’unanimité.
– davantage de pouvoirs donnés au Parlement Européen : co-décision avec le Conseil dans de très nombreux domaines, contrôle de la nomination de la Commission, co-responsabilité avec le Conseil du budget de l’UE, etc.

Tout ne sera pas parfait, et notamment le rôle exact du Président n’est qu’esquissé; mais au moins cela permettra de mieux fonctionner et de s’identifier. Ne nous leurrons pas, le pouvoir est encore essentiellement aux mains des gouvernements nationaux, et la capacité a obtenir et gérer un budget opérationnel conséquent n’est pas encore à l’ordre du jour. Et puis, le prix a payer pour cette signature implique entre autre un nouveau passe-droit national sur les droits fondamentaux, précédent (basé sur celui des britaniques, voir article de Sylvie Goulard dans Le Monde) qui donne une mauvaise direction pour la suite.

Ne boudons néammoins pas notre plaisir : c’est un bon jour pour l’Europe. a nous, citoyens et élus, de faire avancer les choses, l’outil est un peu mieux entre nos mains désormais.

Autant le dire tout de suite, je trouve l’élan démocrate enthousiaste pour le Nobel d’Obama mal placé, pour ne pas dire déplacé : ne confondons pas les bonnes intentions avec les réalisations.
Pour parler clairement, le comité Nobel a confondu discours et actes, et plus grave, politique et engagement. Il aurai voulu envoyer au président américain un remerciement appuyé pour avoir modifié l’apparence des relations entre les Etats-Unis et l’Europe qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Quand aux contributions pour la paix … je les attends encore, d’autant que les prochaines décisions d’Obama risquent d’en décevoir plus d’un, sur l’Afghanistan notamment. Que je sache, la politique américaine vis-a-vis l’amérique centrale et du sud n’a guère changée, ni celle vis-a-vis de l’Iran, ni envers l’Irak, ou l’Arabie Saoudite … Le seul point positif est l’adoucissement de l’hostilité envers la Russie, avec ce qui ressemble a un abandon de la plateforme anti-missile en Pologne et Tchéquie. Globalement, il y aura toujours autant de bases militaires US de par le monde, et toujours davantage de la richesse de leur pays investie dans les armées et la politique de contrôle. Au total, je crains que François Bayrou ne soit gravement désillusioné dans pas longtemps.

C’est le titre d’un article du Monde, et le contenu dit bien ce que ce titre laisse deviner en filigrane : il n’y a qu’une pseudo-régulation du secteur financier, quelques mesures symboliques, quelques zones d’ombre tirées de l’obscurité, quelques secrets bancaires levés (dont celui entre la france et la belgique), mais sinon … rien.

On ne s’attaque pas au coeur du problème, qui est, comme le rappelait encore Michel Rocard tout récemment, la déconnexion des flux financiers et de l’économie réelle. La solution est drastique, comme je le proposais en mars 2009 et avant en octobre 2008, mais sinon on va recommencer les mêmes erreurs et retomber dans les mêmes problèmes. Et ce n’est pas de l’anti-capitalisme primaire, bien au contraire : je souhaite un retour aux bases, c-a-d que le capital corresponde soit à un investissement, soit à des biens échangeables.Si nous n’avons pas le courage de supprimer ces produits dérivés de produits dérivés adossés sur des produits dérivés etc ad nauseam, nous le payerons. Encore et encore. Cher.

On voit ici et là fleurir l’idée que le Modem, ou plutôt François Bayrou, pourrait participer aux primaires organisées (au conditionnel) entre le PS et les Verts pour désigner le candidat qui irait affronter Nicolas Sarkozy dès le premier tour.
Ce point est encore abordé dans un article du Figaro, ou on découvre avec stupéfaction que Corinne Lepage y serait favorable.

Rarement ai-je vu une proposition aussi stupide. Ce serait la mort du Modem. Instantanée. Définitive. Et la victoire de Nicolas Sarkozy, tout aussi assurée et définitive.

Proposer des primaires à l’ensemble des opposants, c’est se placer dans une approche binaire de la société et de la politique. Exactement ce contre quoi le Modem a été créé. C’est donner raison à l’approche de Nicolas Sarkozy, de classifier l’univers politique en 2 camps antagonistes (sauf pour les débauchages).

Même sans cela, proposer des primaires sur le seul critère de l’opposition au président, c’est faire l’impasse totale sur les projets et les programmes. Quelque soit le candidat désigné, quel programme s’appliquerai ? qui en déciderai ? Nicolas Sarkozy aurait beau jeu de dénoncer la coalition des grognons, le regroupement des sans-idées. Et il gagnerait haut la main.

Encore plus prosaiquement, qui voterait dans le cadre de cette primaire ? Avec quel mandat ? Nicolas Sarkozy pourrait se targuer d’être l’élu du peuple, et non celui d’une poignée d’état-majors.

Mais le premier point suffit largement : participer à des primaires, c’est choisir un camp contre l’autre, c’est s’aligner sur une étiquette, c’est découper la politique en 2 blocs, bref c’est renoncer au coeur de notre éthique politique. Marielle de Sarnez a tord de dire «Cette question est déplacée et totalement prématurée. Ce n’est pas dans le calendrier» : ce n’est pas une question de calendrier, mais de principe. Et Corinne Lepage, malgré ses qualités, démontre qu’elle n’a pas pleinement adhérée aux principes fondateurs du Modem, en recommandant «Pour ma part, si des primaires étaient organisées entre tous les opposants potentiels à Nicolas Sarkozy, je pense que François Bayrou devrait se poser la question de savoir s’il ne souhaite pas y participer» : si elle se considère comme une annexe potentielle du PS ou des Verts, qu’elle le dise, et agisse en conséquence en les rejoignant.

Simplement envisager de participer à un tel processus, c’est perdre notre âme. Je lance un appel solennel aux militants et cadres : N’y pensez même pas. Jamais.

J’abonde dans le sens dévellopé récemment par plusieurs blogeurs, dont (Nicolas Vincione ). Ce découpage en « grandes régions » n’a pas vraiment de sens, et a même comme effet négatif d’entrainer localement des bisbilles pour la constitution des listes territoriales.

Après, la campagne peut se dérouler en impliquant localement le membre de la liste le plus proche géographiquement, pour assoir des notoriétés (ça marche comme ça en Allemagne). Mais on l’a bien vu sur le terrain, la campagne est nationale et nos têtes de liste auraient été plus utiles sur les plateaux de télé et les stations de radio qu’à arpenter le terrain comme si c’était une municipale ou départementale, ce qui aurait de plus permis d’éviter le biais qu’a connu notre campagne. Attention, il ne s’agit pas de ne faire que de la télé, les déplacements locaux sont importants; mais on aurait pu en limiter le nombre, et répartir les efforts de communication.

Alors oui, militons pour un retour à une liste nationale unique.

D’après des infos lues ce matin (le journal des finances : http://www.jdf.com/taux-devises/2009/06/16/02009-20090616ARTJDF00014-devises-les-statistiques-menent-a-nouveau-la-danse.php), les banques européennes ont sur les bras des actifs toxiques pour une perte de valeur de 694 milliards de $ sur la période 2007-2010 (curieux, d’ailleurs, la BCE qui chiffre en $ ?). Sur un total mondial estimé par le FMI à environ 900 milliards de $.
Attention, il ne s’agit pas d’une évaluation du total des actifs toxiques, mais seulement des dépréciations d’actifs par les banques. Il en restera à moisir au fond des coffres….

Avec les précautions d’usage, on peut donc dire que les banques européennes avaient accumulées plus des deux-tiers des pertes mondiales en produits financiers toxiques (d’où le titre) : on est bien loin du discours lénifiant de nos dirigeants !
On peut également être quasi-certain que les chiffres annoncés sont bien loin de la réalité : il suffit de regarder la production de la seule planche à billets des USA depuis 12 mois.

Et enfin, se pose la seule question qui vaille pour les gens : qui payera ? et quand ?

(c) Sipa

La Commission européenne a renoncé, lundi 8 juin, à autoriser la fabrication de vin rosé par coupage de vin rouge avec du blanc, dossier qui avait créé une forte polémique ces dernières semaines.

« Il est important d’écouter nos producteurs quand ils s’inquiètent de changements dans les régulations. Il était clair ces dernières semaines qu’une majorité de notre secteur viticole pensait que mettre un terme à l’interdiction du coupage allait saper l’image du rosé traditionnel », a justifié la commissaire à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel.

Voilà une très bonne nouvelle : la commission européenne écoute les gens plutôt que les affairistes, et le terrain plutôt que les lobbys. On aurait aimé entendre cette décison avant l’élection, ça aurait redonné de l’optimisme aux pro-européens. Mais ne faisons pas la fine bouche : c’est une victoire de la raison et du coeur, et nous devons nous en réjouir.

Quand il fait beau, coller des affiches c’est un plaisir, que l’ami Florian et moi-même avons pratiqué cet après-midi. Avouons-le, c’est rigolo, on déchire de vieilles affiches, on recouvre celles des concurrents (oh …), c’est un synchronisme entre l’encolleur et le poseur, un jeu d’efficacité, un jeu de piste aussi pour faire le circuit des panneaux le plus vite possible.

Et puis, c’est la base du militantisme, avec le boitage (hier soir à la fraiche, c’est plus agréable) et le tractage sur les marchés : on se promène, on agit, c’est un retour aux sources. Et, c’est la base de la démocratie sur le terrain. Un bonheur.

L’argument de base, central, de madame Albanel, Denis Olivenne et consorts pour justifier la loi Internet et Création est le suivant :

La piraterie sur Internet se fait au détriment des créateurs et va tuer la création en France

Premièrement, appelons un chat un chat : il ne s’agit pas de piraterie, mais de téléchargement illégal. La piraterie, c’est le détournement de bateaux au large de la Somalie, avec violences (et parfois des morts comme récemment). C’est la revente au noir de cartons de copies (souvent mauvaises) de supports matériels.

Deuxièmement, c’est un mensonge éhonté. Les seuls à pâtir du téléchargement illégal sont les grosses maisons d’éditions et surtout les diffuseurs de support physique, FNAC en tête. Pas les auteurs. Ce qui se passe, c’est la disparition progressive des CD, comme auparavant celle des cassettes audios et vidéos, et encore avant des 45 et 33 tours. On retrouve l’argumentaire des diffuseurs, qui hurlaient à l’époque que les radios « libres » allaient tuer la disque (c’est le contraire, ça a créé une explosion du marché), puis plus tard que la K7 audio allait tuer le disque (faux bien entendu). Mais pendant que l’industrie s’adaptait en trainant les pieds aux modifications technologiques, les auteurs prospéraient. Et continuent de prospérer. Les droits collectés n’ont jamais cessés d’augmenter, le nombre d’auteurs de grimper, et l’offre culturelle pour tous (concerts, diffusion) n’a jamais été aussi foisonnante.

La preuve ? Elle est au vu et au sus de tous, sur le site de la SACEM (http://www.sacem.fr) dans le rapport 2007 disponible en ligne (http://www.sacem.fr/portailSacem/jsp/ep/contentView.do?contentTypeId=2&contentId=536898759&programId=536880424&pageTypeId=8586). En voici les chiffres clefs :

Des ayant-droit en augmentation sensible

• 124.000 sociétaires (86.900 en 1999)
  • dont 45.236 (vivants) ont perçu des droits
  • dont 3.211 ont reçu plus de 10.000 €.
• 1.447 salariés équivalent temps plein (260 en 1999 ???)

Les droits perçus sont en hausse

• 759,1 millions d’€ perçus, en augmentation de +0,4%
  • 1999: 3,7 milliards de FF = 564,1 millions d’€, soit + 34,5% en 8 ans
  • il y a eu une seule année de baisse depuis 1992 : -0,2% en 2006
• 1/3 des droits viennent des TV et radios, en légère baisse de -1,6%
• 1/3 des droits viennent des consommations collectives, en hausse de +5,2% en 2007 après une hausse de +5,6% en 2006
• moins d’1/4 des droits viennent de la consommation privée, en baisse
• le reste est la collecte de droits auprès des équivalents étrangers de la SACEM, en hausse de +2,1%

La part des supports physique baisse sans cesse

• supports enregistrés : -7,7% pour 119,0 millions d’€
  • ce n’est pas récent : en 1999, c’était attribué à la fin du marché pour les CD single : … la baisse du marché français, particulièrement celui des supports simples (chute de – 20% en volume au 1er trimestre 1999)

Les autres recettes augmentent, et l’immatériel explose

• explosion des droits de téléchargement : +26,8% en 1 an
  • certes encore à un niveau faible (6,1 millions d’€), mais à ce rythme ça va rapidement compenser la baisse des supports
  • plus de la moitié vient des téléphones mobiles
  • +85% pour les téléchargements légaux online
• les droits des concerts ont grimpés de +8,7% en 2007 pour 62,8 millions d’€, soit + 95,8% depuis 2000
• taxe copie privée en hausse à 51,5 millions d’€ : c’est la licence globale qui ne veut pas dire son nom

En conclusion ?

1. Les recettes des artistes (ceux qui touchent des droits en tout cas) ont largement suivi l’inflation malgré les diverses révolutions technologiques, et continuent à le faire
2. Les taux d’augmentations des droits immatériels privés laissent présager des lendemains qui chantent
3. La diffusion de musique vivante ne s’est sans doute jamais aussi bien portée
4. Le téléchargement sans payer n’a aucune influence négative sur les revenus des artistes
5. Le téléchargement sans payer n’a aucune influence négative sur la création musicale

Mesdames et messieurs les députés et sénateurs, tirez-en la conclusion logique : on vous ment. Ce projet de loi est basé sur du sable qui recouvre un mensonge gros comme une maison. Son vrai nom devrait être : « Internet et Diffusion ».

Au risque de paraitre grandiloquent, c’est bien un immense service à la démocratie que les députés viennent de rendre à la France en refusant ce jour d’entériner la loi « Internet et Création », dite loi HADOPI. En votant contre pour les opposants déclarés, et en se retirant massivement de l’hémicycle pour ne pas avoir à voter pour pour les autres. C’est la 2° fois dans toute l’histoire de la V° république, semblerait-il, qu’un tel refus arrive. Cela montre bien à quel point les députés, y compris les bataillons de l’UMP, se sont rendu compte in-extrémis du monstre juridique et technique qu’ils allaient créer.

Je ne me fais pas d’illusions : le PS a utilisé un artifice en ammenant au tout dernier moment suffisament de députés pour faire capoter un vote prévu sans histoires. Et les députés de la majorité on fait montre d’un certain manque de courage politique, en désertant plutôt que de voter non. Mais enfin, c’était déjà beaucoup, et je suis sûr que plus d’un député UMP a dû pousser un « ouf » de soulagement en apprenant la nouvelle. Alors, ne faisons pas la fine bouche. Pour avoir réagi et signifié au gouvernement que ce projet n’était vraiment pas acceptable, merci. Pour avoir maintenue vivante la raison d’être du Parlement, merci. Pour avoir rejeté ce qui nous entrainait sur une pente glissante pour l’avenir, merci.